ARCHIVES

Un centre d'interprétation d'architecture du patrimoine à Saint-Laurent-du-Maroni.

inauguration le 21 novembre à 16h.

Les objectifs du Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine :
- Transmettre une meilleure connaissance de l’histoire guyanaise et particulièrement de celle de la Ville de Saint-Laurent-du-Maroni et des Bagnes
de Guyane;
- Mettre en valeur un site classé aux Monuments Historiques en améliorant sa protection et valorisation;
- Offrir aux visiteurs une attraction touristique et culturelle de qualité;
- Sensibiliser les habitants à leur cadre de vie, à l’architecture et au patrimoine.



Saint-Laurent-du-Maroni, mémoire du bagne.

Pour des raison professionnelles, je découvrais en 1993 Saint-Jean-du-Maroni et Saint-Laurent-du-Maroni et je me passionnais rapidement pour l'histoire de l'administration pénitentiare et par effet induit à celle des bagnes, dont en particulier à celle des bagnes de Guyane, de nouvelle Calédonie et d'Australie.

Cette immersion profonde dans l'ouest de la Guyane me permettait de découvrir des bâtiments portant encore dans leurs entrailles les marques profondes des passages de ces hommes et femmes qui éprouvèrent le bagne comme les populations locales qui supportaient dans leur mémoire personnelle ou collective les cicatrices de cette période que l'on souhaitait bannir. Il fut même évoqué à un moment de raser ces vestiges qui véhiculaient les tristes moments de ce monde carcéral implacable et inhumain que l'on avait même baptisé "La guillotine verte".

En 1996, j'ai eu le grand bonheur d’approcher de plus près cet environnement en prenant la direction de l'Office du Tourisme de Saint-Laurent du-Maroni. Ainsi j'ai pu côtoyer de plus près les décideurs locaux avec qui nous avons pris le chalenge de transformer en positif ce que prés de 100 ans de l’histoire du bagne laissait apparaitre comme un « boulet » pour la population locale et pour les visiteurs.

Ainsi le tourisme pouvant apporter un public nombreux autour de cette histoire, il était nécessaire de se positionner et mettre en place les outils appropriés.

Les vestiges du Camp de la Transportation seraient donc le centre de l’accueil et la plaque tournante des visites pour ces touristes qui, autour de la communication ciblée qui se mettait en place, venaient de plus en plus nombreux sur ces sites. La création d’une première ébauche d’un musée du bagne dans les locaux de la chapelle-cuisine et du premier parcours guidé de la découverte de l'architecture et du patrimoine du bagne de la ville de Saint-Laurent-du-Maroni seront les maillons forts de cette dynamique.

Dans ce cadre, 1999 sera une année phare et déterminante car le 27 mai de cette même année, pour la première fois depuis 1932, c’était la remise du Prix Albert Londres en dehors de l’Hexagone, en présence du regretté Henri Amouroux, membre de l’Institut, président du Prix Albert Londres, entouré d’une trentaine des plus grandes signatures de la presse française et des grands élus de la région.
Le 9 novembre 1999, sous le haut patronage du Président de la République, fut célébré le cinquantenaire de la renaissance de la commune avec la commémoration de la création de la commune de Saint-Laurent-du-Maroni, qui le 9 novembre 1949 quittait le carcan d’une commune pénitentiaire « Capitale du bagne » pour retrouver les droits et les obligations d’une commune de plein exercice.
Et Léon Bertrand, député-maire de Saint-Laurent-du-Maroni, inaugurait cette manifestation avec ces mots :
« En ouvrant symboliquement les portes du bagne à la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, je dédie le camp de la transportation au patrimoine de toute la Guyane. Je le dédie au patrimoine de l'Humanité. Je le dédie à celui qui nous regarde d'en haut, je le dédie à Dieu.
Que ce geste, d'aujourd'hui, soit interprété comme le passage d'une période de notre histoire, vers notre temps de maintenant et de demain.
Transition d'une période de l'histoire de la Guyane, de l'histoire de la France, de notre histoire, marquée par les atrocités et des douleurs humaines auxquelles nous tournons le dos, mais dont le souvenir doit rester dans nos mémoires pour que la vigilance de l'homme sans cesse interpellée, lui interdise de tomber à nouveau dans de telles dérives.
Transition vers une ère nouvelle, incarnée par une nouvelle génération riche et lucide de la connaissance d'un passé qui lui appartient, pour qu'elle aborde l'an 2000 du troisième millénaire avec un esprit libre, dans la tolérance, la solidarité, l'espoir et la paix. »


Cette volonté d’ouvrir la ville au tourisme était bien entrée dans l’organisation des politiques locales avec une énergie à promouvoir son patrimoine.

Dés lors, l’Office du Tourisme, moteur de cette promotion et animateur de l’offre touristique de la ville était récompensé par « Le Trophée de l’Accueil » à la suite d’une campagne initiée par le secrétaire d’État au Tourisme avec Maison de la France. Ainsi Saint-Laurent-du-Maroni était la première ville des départements d’Outre-Mer à recevoir ce Prix le 13 décembre 2001 à Paris, des mains de M. Jacques Brunhes, secrétaire d’État au Tourisme, dans les salons de la Tour Eiffel.

Cette distinction permettait à la commune en 2002, première ville d’Outre-Mer, de rejoindre le Club très fermé du guide Michelin des « Plus beaux détours de France ».

Un grand nombre de bâtiments du bagne ont été classés comme monuments historiques, dont la restauration a débuté en 1991. Ce sont près de 30 000 visiteurs qui se rendent annuellement dans ces lieux et Saint-Laurent-du-Maroni dispose depuis 2007 du statut de Ville d'Art et d'Histoire.

Une aventure humaine, intensive et passionnante qui a duré 8 ans, entouré de gens remarquables qui m’a conduit en 2008 à participer à la sollicitation du Gouvernement australien à collaborer à l’élaboration du dossier de demande d’inscription des bagnes d’Australie au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Demande qui fut agréée la même année.

Cette belle réussite, l’expérience du montage de ce dossier et les bons contacts établis, m’ont incité en 2009, dans la continuité du discours du 9 novembre 1999 de Léon Bertrand, à proposer à la commune de lancer une procédure permettant de qualifier Saint-Laurent-du-Maroni, « mémoire du bagne » comme valeur universelle et exceptionnelle, susceptible de lui confier une appartenance au patrimoine commun de l’humanité.

Dans ce contexte, comme l’UNESCO développe le premier instrument juridique international visant à protéger ces patrimoines, il avait été proposé de présenter à son jury international un projet de sauvegarde.

Mais avant toute chose, il était indispensable que la France, État partie de la convention du patrimoine mondial, inscrive Saint-Laurent-du-Maroni sur sa liste indicative de ses biens qualifiés comme patrimoine culturel de valeur universelle exceptionnelle.

Le dossier produit pour le lancement de cette opération n’a pas trouvé l’écoute attendue. Ainsi, en dehors des articles, à lire sur ce site internet, derniers témoins de cette démarche, je reformule ardemment le vœux que cette proposition soit reprise, au moment de l’inauguration d'un Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine (C.I.A.P.) initié déjà en 2006.

Voir dossier en téléchargement ci-après



Lundi 10 Novembre 2014
Yvan MARCOU
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