Île Saint-Joseph - réclusion
Cayenne - Jacques HIGELIN
Cet arrangement, d'après «Cayenne», de Jacques Higelin tient entièrement sur les quatre pupitres classiques (Bs, Tn, Al, So) sans aucune subdivision. Néanmoins il se peut que tous les pupitres se sentent vers le bas de leur tessiture. La tonalité proposée est Fa Majeur (qui va très bien), mais nous la chanterons un ton au-dessus, en Sol (G). Mais cette formule d'arrangement sollicite des basses plutôt graves et rondes pour les couplets et un choeur tendu et brillant pour faire s'envoler les refrains.
Dans tous les «Cayenne» et autres rimes en «n», il faut tenir le «n» long et nasal en poussant fort de l'intérieur, et ne lâcher que pour chanter la suite ou pour respirer. Le pont et la boucle, c'est «à fond les ballons».
J'aimerais aussi que celles et ceux qui veulent (je sais que pour certains ça peut poser des problèmes d'habitudes ou de synchonisation et personne n'en voudra à ceux qui ne le font pas, mais essayez quand même) battent des mains sur les temps 2 et 4 de chaque mesure (et surtout pas 1 et 3 !), mais bien en mesure et bien sur le temps, et seulement à partir du dernier temps juste avant le pont (comme sur le modèle). N'hésitez pas; lâchez-vous, c'est facile et rigolo. Et en plus, y s'pass'ra qué'qu'chose, vous verrez. Vous pouvez même vous amuser chez-vous à faire ça d'un bout à l'autre (mais attention; seulement sur 2 et 4).
Chanson à lire et écouter ci dessous.
Cayenne c'est fini
Pas d'veine trop de soucis
Cayenne c'est fini
Plus de lettre de mon amie
Ce n'est peut-être qu'un oubli
Cayenne c'est fini
Y' en a qui s'aiment jusqu'au martyr
Où y a d'la chaîne y a pas d'plaisir
Les matons m'ont maté
J'ai plus d'quoi me r'lever
Cayenne bon bon bon bon
Cayenne bon bon bon bon j'ai compris
Cayenne bon bon bon bon c'est fini
Cayenne
D'puis l'temps qu'j'attends ma r'mise de peine
Y a d'la gangrène dans mes souv'nirs
Vaut mieux en finir quand ça traîne
J'ai pas envie d'moisir ici
Cayenne c'est fini
Cayenne c'est bien fini
Allez les mecs… au goulot
Hey les mecs… au goulot !
et qu'ça saute !
Cayenne c'est fini
J'emmène au Paradis
La mauvaise graine de mes soucis
Qui a fleuri à Cayenne
Cayenne captivité pas bon
Cayenne tentative d'évasion
Cayenne mais prison quadrillée
Cayenne nické par les képis
Cayenne des matons décatis
Cayenne quasiment déphasé
Cayenne plaidoirie kamikaze
Cayenne l'avocat dégouté
Cayenne lui manquer quelques cases
Cayenne système pénitencier
Cayenne condamné l'accusé
Cayenne à purger lourde peine
Casser des cailloux à Cayenne
Casser des cailloux à Cayenne
Casser des cailloux à Cayenne
A lire un trés bon article de Michel PIERRE, historien, sur le site de criminocorpus
Dans tous les «Cayenne» et autres rimes en «n», il faut tenir le «n» long et nasal en poussant fort de l'intérieur, et ne lâcher que pour chanter la suite ou pour respirer. Le pont et la boucle, c'est «à fond les ballons».
J'aimerais aussi que celles et ceux qui veulent (je sais que pour certains ça peut poser des problèmes d'habitudes ou de synchonisation et personne n'en voudra à ceux qui ne le font pas, mais essayez quand même) battent des mains sur les temps 2 et 4 de chaque mesure (et surtout pas 1 et 3 !), mais bien en mesure et bien sur le temps, et seulement à partir du dernier temps juste avant le pont (comme sur le modèle). N'hésitez pas; lâchez-vous, c'est facile et rigolo. Et en plus, y s'pass'ra qué'qu'chose, vous verrez. Vous pouvez même vous amuser chez-vous à faire ça d'un bout à l'autre (mais attention; seulement sur 2 et 4).
Chanson à lire et écouter ci dessous.
Cayenne c'est fini
Pas d'veine trop de soucis
Cayenne c'est fini
Plus de lettre de mon amie
Ce n'est peut-être qu'un oubli
Cayenne c'est fini
Y' en a qui s'aiment jusqu'au martyr
Où y a d'la chaîne y a pas d'plaisir
Les matons m'ont maté
J'ai plus d'quoi me r'lever
Cayenne bon bon bon bon
Cayenne bon bon bon bon j'ai compris
Cayenne bon bon bon bon c'est fini
Cayenne
D'puis l'temps qu'j'attends ma r'mise de peine
Y a d'la gangrène dans mes souv'nirs
Vaut mieux en finir quand ça traîne
J'ai pas envie d'moisir ici
Cayenne c'est fini
Cayenne c'est bien fini
Allez les mecs… au goulot
Hey les mecs… au goulot !
et qu'ça saute !
Cayenne c'est fini
J'emmène au Paradis
La mauvaise graine de mes soucis
Qui a fleuri à Cayenne
Cayenne captivité pas bon
Cayenne tentative d'évasion
Cayenne mais prison quadrillée
Cayenne nické par les képis
Cayenne des matons décatis
Cayenne quasiment déphasé
Cayenne plaidoirie kamikaze
Cayenne l'avocat dégouté
Cayenne lui manquer quelques cases
Cayenne système pénitencier
Cayenne condamné l'accusé
Cayenne à purger lourde peine
Casser des cailloux à Cayenne
Casser des cailloux à Cayenne
Casser des cailloux à Cayenne
A lire un trés bon article de Michel PIERRE, historien, sur le site de criminocorpus
Île Saint-Joseph - cellule obscure
La Belle - d'Albert LONDRES.
Le texte ci-dessous est une chanson écrite par Albert Londres après son fameux reportage sur le bagne de Guyanne (Au bagne en 1923). Elle fut chantée à l'époque par Lucienne Boyer et plus récemment (dans un autre style) par Parabellum.
La Belle (A. Londres)
Le Loire a quitté La Pallice
Maintenant tout est bien fini.
On s’en va vers le Maroni
Où les requins font la police.
On est sans nom, on est plus rien.
La loi nous chasse de la ville.
On n’est plus qu’un bateau de chiens
Qu’on mène crever dans île.
Mais alors apparaît la Belle,
La faim, la lèpre, le cachot,
Le coup de poing des pays chauds.
Rien ne sera trop beau pour elle.
Pour la liberté. Les requins
Auront notre chair de coquins.
Et dans la forêt solennelle
Où la mort sonne à chaque pas
Même lorsque tu ne viens pas
C’est toi qu’on adore. Ô la Belle !
Le Loire est le nom du bateau qui transportait les bagnards et qui fut remplacé par la Martinière.
La Belle (A. Londres)
Le Loire a quitté La Pallice
Maintenant tout est bien fini.
On s’en va vers le Maroni
Où les requins font la police.
On est sans nom, on est plus rien.
La loi nous chasse de la ville.
On n’est plus qu’un bateau de chiens
Qu’on mène crever dans île.
Mais alors apparaît la Belle,
La faim, la lèpre, le cachot,
Le coup de poing des pays chauds.
Rien ne sera trop beau pour elle.
Pour la liberté. Les requins
Auront notre chair de coquins.
Et dans la forêt solennelle
Où la mort sonne à chaque pas
Même lorsque tu ne viens pas
C’est toi qu’on adore. Ô la Belle !
Le Loire est le nom du bateau qui transportait les bagnards et qui fut remplacé par la Martinière.
Île Saint-Joseph - cellule de la réclusion
Cayenne - attribuée à Aristide BRUANT
Je me souviens encore de ma première femme
elle s'appellait nina une vraie putain dans l'âme
la reine des morues de la plaine saint denis
elle faisait le tapin près d'la rue rivoli
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Elle aguichait l'clients quand mon destin d'bagnard
vint frapper a sa porte sous forme d'un richard
il lui cracha dessus rempli de son dedain
lui mis la main au cul et la traita d'putain
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Moi qui etais son homme et pas une peau de vaches
aquis dans ma jeunesse les principes d'un apache
sorti mon 6-35 et d'une balle en plein coeur
je l'etendit raide mort et fut serré sur l'heure
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
UNE SEULE SOLUTION...LA REVOLUTION
ca fait 1 2 1 2 3 4
Aussitôt arreté j'fut mener a Cayenne
c'est la que jai purger la force de ma peine jeunesse d'aujourdui ne faites plus les cons
car pour une seule conneries on vous jette en zonzon
wwwwwwaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Si je viens a mourir je veux que l'on m'enterre
dans un tout p'tit cimetiere
pres d'la porte saint martin
400 putains a poils viens donc crier tres haut
c'est le roi des julots que lon mene au tombeau
wwwwaaaaaaaaaahhhhhhhhh!!!!
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Sur mon tombeau y aura cette glorieuse phrase
ecrit par les truants d'une tres haute classe
honneur a la putain qui ma donnée sa main
si je n'etais pas mort je te baiserais encore
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Pas de grace pas de pitié
pour toute ces bandes de laches
et ces band' d'enculers!!!!!
Interprétée par le groupe "PARABELLUM" et par "Les amis d'ta Femme"
Lire l'article suivant: Vive les enfants de Cayenne !.
elle s'appellait nina une vraie putain dans l'âme
la reine des morues de la plaine saint denis
elle faisait le tapin près d'la rue rivoli
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Elle aguichait l'clients quand mon destin d'bagnard
vint frapper a sa porte sous forme d'un richard
il lui cracha dessus rempli de son dedain
lui mis la main au cul et la traita d'putain
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Moi qui etais son homme et pas une peau de vaches
aquis dans ma jeunesse les principes d'un apache
sorti mon 6-35 et d'une balle en plein coeur
je l'etendit raide mort et fut serré sur l'heure
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
UNE SEULE SOLUTION...LA REVOLUTION
ca fait 1 2 1 2 3 4
Aussitôt arreté j'fut mener a Cayenne
c'est la que jai purger la force de ma peine jeunesse d'aujourdui ne faites plus les cons
car pour une seule conneries on vous jette en zonzon
wwwwwwaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Si je viens a mourir je veux que l'on m'enterre
dans un tout p'tit cimetiere
pres d'la porte saint martin
400 putains a poils viens donc crier tres haut
c'est le roi des julots que lon mene au tombeau
wwwwaaaaaaaaaahhhhhhhhh!!!!
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Sur mon tombeau y aura cette glorieuse phrase
ecrit par les truants d'une tres haute classe
honneur a la putain qui ma donnée sa main
si je n'etais pas mort je te baiserais encore
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
MORT AUX VACHES... MORT AUX CONDES
vive les enfants d'cayenne à bat ceux d'la sureté
Pas de grace pas de pitié
pour toute ces bandes de laches
et ces band' d'enculers!!!!!
Interprétée par le groupe "PARABELLUM" et par "Les amis d'ta Femme"
Lire l'article suivant: Vive les enfants de Cayenne !.
Mouillage d'un bagnard aux îles du Salut par Francis Lagrange
Je suis un forçat.
Il s'agit d'un poème de Fitoussi qui se chantait sur l'air "les bateliers de la Volga".
Le cri d‚une sirène
Un bruit de chaînes
Le convoi part
Ils sont hâves et blêmes
Tout un poème
En leur regard
Cohorte douloureuse
C‚est l‚armée malheureuse
De ceux que Thémis appelle Aujourd‚hui
Qui vont quitter à jamais leur pays
Soudain l'un d'eux s'arrête,
en inclinant la tête,
c'est qu'on vient de lui dire tout bas
ces simples mots tu n'es qu'un forçat.
La bas à la Guyane,
dans la savane et les chantiers,
combien de pauvres ères
dans la misère semblent expier.
Des rires de folies,
des râles d'agonies,
semblent monter au-dessus des cachots
dont parfois monte un lugubre sanglot.
La fièvre qui les terrasse,
la mort qui les menace,
toute la gamme des maux d'ici-bas
semblent planer sur le corps du forçat.
L'évasion est un crime
que l'on réprime sévèrement,
la réclusion horrible
et ses terribles isolements.
Misère physiologique,
celle, vengeur tragique,
d'une société cruelle ou vaincu,
un cri, un râle, un forçat à vécu.
Le requin, bête immonde,
semble guetter dans l'ombre,
le corps qu'on jette entouré d'un vieux drap,
et c'est ainsi que finit le forçat.
A écouter en cliquant sur la pièce jointe en bas de la page
Enregistrement 1952 - interprétée par un ancien bagnard.
Le cri d‚une sirène
Un bruit de chaînes
Le convoi part
Ils sont hâves et blêmes
Tout un poème
En leur regard
Cohorte douloureuse
C‚est l‚armée malheureuse
De ceux que Thémis appelle Aujourd‚hui
Qui vont quitter à jamais leur pays
Soudain l'un d'eux s'arrête,
en inclinant la tête,
c'est qu'on vient de lui dire tout bas
ces simples mots tu n'es qu'un forçat.
La bas à la Guyane,
dans la savane et les chantiers,
combien de pauvres ères
dans la misère semblent expier.
Des rires de folies,
des râles d'agonies,
semblent monter au-dessus des cachots
dont parfois monte un lugubre sanglot.
La fièvre qui les terrasse,
la mort qui les menace,
toute la gamme des maux d'ici-bas
semblent planer sur le corps du forçat.
L'évasion est un crime
que l'on réprime sévèrement,
la réclusion horrible
et ses terribles isolements.
Misère physiologique,
celle, vengeur tragique,
d'une société cruelle ou vaincu,
un cri, un râle, un forçat à vécu.
Le requin, bête immonde,
semble guetter dans l'ombre,
le corps qu'on jette entouré d'un vieux drap,
et c'est ainsi que finit le forçat.
A écouter en cliquant sur la pièce jointe en bas de la page
Enregistrement 1952 - interprétée par un ancien bagnard.
Je suis un forçat (chant du bagne) (2.25 Mo)
Guillaume SEZNEC
Chanson dédiée à Guillaume SEZNEC
Saint-Martin-de-Ré, principale ville de l'île de Ré. C'est de son pénitencier qu'embarquent les bagnards pour la Guyane. Guillaume Seznec quitte la métropole le 7 avril 1927.
Sept avril, quittant Saint-Martin,
Six cents nous sommes embarqués sur La Martinière,
Fers et cages pour fauves humains,
Dans trois semaines c'est la Guyane et c'est l'oubli.
Pour bonjour, Prével nous a dit :
- C'est pas l'enfer mais c'est déjà le purgatoire,
Que morts vous ne sortirez d'ici,
Que morts ou pire, pour les îles du Salut.
Les Chaouchs de nous mettre nus,
Zébrés de rouge et blanc zébrés et fers et flammes,
Flammes et fers, ici tu n'es plus,
Pauvre Guillaume, que 49 302.
Oiseau des Caraïbes bleu,
Va dire à mes enfants ma mère et Marie-Jeanne,
Va t'en dire : ma foi est en eux,
Justice veux, ne veux ni grâce ni pardon.
- J'ai nouvelle sur un nuage blanc :
Guillaume, un juge un écrivain les Bretons lèvent;
- J'ai nouvelle sur un nuage gris :
A la Royale on te condamne pour dix ans.
- J'ai nouvelle sur un nuage sang :
Que l'on te jette à Saint-Joseph, bagne du bagne;
- J'ai nouvelle sur un nuage noir :
Ta mère ta fille et Marie-Jeanne n'ont plus vie.
Sept avril, quittant Saint-Martin,
Six cents nous sommes embarqués sur La Martinière,
Fers et cages pour fauves humains,
Dans trois semaines c'est la Guyane et c'est l'oubli.
Pour bonjour, Prével nous a dit :
- C'est pas l'enfer mais c'est déjà le purgatoire,
Que morts vous ne sortirez d'ici,
Que morts ou pire, pour les îles du Salut.
Les Chaouchs de nous mettre nus,
Zébrés de rouge et blanc zébrés et fers et flammes,
Flammes et fers, ici tu n'es plus,
Pauvre Guillaume, que 49 302.
Oiseau des Caraïbes bleu,
Va dire à mes enfants ma mère et Marie-Jeanne,
Va t'en dire : ma foi est en eux,
Justice veux, ne veux ni grâce ni pardon.
- J'ai nouvelle sur un nuage blanc :
Guillaume, un juge un écrivain les Bretons lèvent;
- J'ai nouvelle sur un nuage gris :
A la Royale on te condamne pour dix ans.
- J'ai nouvelle sur un nuage sang :
Que l'on te jette à Saint-Joseph, bagne du bagne;
- J'ai nouvelle sur un nuage noir :
Ta mère ta fille et Marie-Jeanne n'ont plus vie.
CAYENNE de Jean Marceline.
Jean Marceline est né le 11 mars 1949 au 40, rue Lieutenant Goinet à Cayenne.
Artiste guyanais, Jean Marceline est auteur - compositeur - interprète.
Il joue de la guitare rythmique et de la percussion et possède également un don, celui d'imiter divers animaux.
Il a même mis au point un sketch à base d'imitation d'animaux divers se terminant par une bagarre entre un chien et un cochon : " la ballade du chien Tristar de mon ami Dubois "
"Cayenne", écrite et interprétée par Jean Marceline sur CD DAN'S A057, cette chanson résume tout ce qu'un Cayennais peut ressentir du passé et évaluer ce qui lui est resté dans les gènes au 3° millénaire (Yvon Rollus)
Refrain
Ma plus belle mélodie,
J'aurai tant aimer l'écrire
Pour toi CAYENNE
Pour tenter d'te faire oublier
Tous les cailloux qu'ils ont cassés
Tu n'leur avais rien demandé.
Tant d'autres avant moi t'ont chanté
Trop souvent pour te reprocher
Les murs CAYENNE
Que leurs ancêtres avaient dressés
Pour exiler loin de leurs yeux
Les déchets de leur société.
1° Couplet
Je n'ai pas joué au gardien
Le fouet, la matraque et le chien
Crevant sous un soleil de plomb
Entre les murs d'une prison.
Moi j'ai été Nègre-Marron
Dans la jungle tout au fond
Sous un carbet de toit de feuilles
Pleurant l'Afrique mon deuil !
2°Couplet
J'ai pas plagié Chéri-Bibi
J'ai pas fréquenté Papillon
Les chaînes, les boulets, les fusils
L'île du diable requins en rond
J'étais Indien d'Amazonie
Et j'ai vu mourir mes petits
Entre les mains des guerriers blancs
Violant les petits Négrillons.
3°Couplet
Je n'ai pas été négrier
Pas pratiqué la traite de ceux
Qui de leur terre, déracinés,
Furent déportés sous d'autres cieux.
Mais j'ai été l'échine courbée
Et sous le joug oppressé
Bête de somme pour planter cafés
Douceurs aux maîtres destinées
4°Couplet
Pour toutes les humiliations
Infligées pendant trop longtemps
Pour toutes les larmes et le sang
Qui ont tant coulé sans raison
Par tous ceux qui cherchaient en toi
Le vertige de l'Eldorado
Qui ont même décimé pour ça
Jusqu'à tes enfants les plus beaux.
Cayenne, pour toutes ces souffrances
Aujourd'hui je veux te chanter
Exorciser de mon enfance
La peur des rues la nuit tombée.
Nous qui naquîmes juste après
Que les portes en furent fermées
Cauchemars de nos jeunes années
Leur bagne nous voulons l'oublier.
2°Refrain
Et ma plus belle mélodie
Sera une chanson d'amour
Pour toi CAYENNE
Pour tenter de faire oublier
Tous ceux qui t'ont maudit un jour
Toi, tu leur as tout pardonné.
Ma plus belle mélodie.. !
Artiste guyanais, Jean Marceline est auteur - compositeur - interprète.
Il joue de la guitare rythmique et de la percussion et possède également un don, celui d'imiter divers animaux.
Il a même mis au point un sketch à base d'imitation d'animaux divers se terminant par une bagarre entre un chien et un cochon : " la ballade du chien Tristar de mon ami Dubois "
"Cayenne", écrite et interprétée par Jean Marceline sur CD DAN'S A057, cette chanson résume tout ce qu'un Cayennais peut ressentir du passé et évaluer ce qui lui est resté dans les gènes au 3° millénaire (Yvon Rollus)
Refrain
Ma plus belle mélodie,
J'aurai tant aimer l'écrire
Pour toi CAYENNE
Pour tenter d'te faire oublier
Tous les cailloux qu'ils ont cassés
Tu n'leur avais rien demandé.
Tant d'autres avant moi t'ont chanté
Trop souvent pour te reprocher
Les murs CAYENNE
Que leurs ancêtres avaient dressés
Pour exiler loin de leurs yeux
Les déchets de leur société.
1° Couplet
Je n'ai pas joué au gardien
Le fouet, la matraque et le chien
Crevant sous un soleil de plomb
Entre les murs d'une prison.
Moi j'ai été Nègre-Marron
Dans la jungle tout au fond
Sous un carbet de toit de feuilles
Pleurant l'Afrique mon deuil !
2°Couplet
J'ai pas plagié Chéri-Bibi
J'ai pas fréquenté Papillon
Les chaînes, les boulets, les fusils
L'île du diable requins en rond
J'étais Indien d'Amazonie
Et j'ai vu mourir mes petits
Entre les mains des guerriers blancs
Violant les petits Négrillons.
3°Couplet
Je n'ai pas été négrier
Pas pratiqué la traite de ceux
Qui de leur terre, déracinés,
Furent déportés sous d'autres cieux.
Mais j'ai été l'échine courbée
Et sous le joug oppressé
Bête de somme pour planter cafés
Douceurs aux maîtres destinées
4°Couplet
Pour toutes les humiliations
Infligées pendant trop longtemps
Pour toutes les larmes et le sang
Qui ont tant coulé sans raison
Par tous ceux qui cherchaient en toi
Le vertige de l'Eldorado
Qui ont même décimé pour ça
Jusqu'à tes enfants les plus beaux.
Cayenne, pour toutes ces souffrances
Aujourd'hui je veux te chanter
Exorciser de mon enfance
La peur des rues la nuit tombée.
Nous qui naquîmes juste après
Que les portes en furent fermées
Cauchemars de nos jeunes années
Leur bagne nous voulons l'oublier.
2°Refrain
Et ma plus belle mélodie
Sera une chanson d'amour
Pour toi CAYENNE
Pour tenter de faire oublier
Tous ceux qui t'ont maudit un jour
Toi, tu leur as tout pardonné.
Ma plus belle mélodie.. !
Graffiti d'une cellule du Camp de la Transportation de Saint-Laurent-du-Maroni. BOUILLE de Montmartre - Raté à vie 1892 - MORT AUX VACHES
CAYENNE - autre version
Transmise par Daniel Lacombe le 05 août 2008.
Je tiens particulièrement à vous remercier pour votre site, je suis un homme de la première moitié du siècle passé...
Et c'est avec beaucoup de plaisir d' avoir trouvé CAYENNE (attribuée à Aristide BRUANT)
Visiblement il existe plusieurs versions de ce chant !
J'ai entendu d'anciens repris de justice dont certains avaient embarqué de l' île de Ré, pour le bagne, il y avait d' autres couplets, et le refrain légèrement différent. Pour les amoureux passéistes, il serait sûrement utile de communiquer le résultat de nos versions et de trouver la véritable origine de cet hymne des coupables comme des innocents incarcérés dans des conditions lamentables con fere l'âge des décès des détenus.
Comme promis je vous adresse, les paroles que j' ai entendues et retenues.
Ce texte provient, en majeure partie, de la bouche même des gars de la zone qui, lors de la construction du boulevard périphérique (tronçon entre la Porte de la Chapelle et et la Porte de Clichy) se sont retrouvés "parqués" dans des masures et baraquements près des usines Citroen à Saint-Ouen.
Certains des Anciens fredonnaient ce chant, j'ai bien retenu l'air, mais mon solfège des plus restreint ne me permet pas une transcription sur partition, ceci étant, je reste à votre disposition pour tenter un enregistrement pour qu' un compositeur-interprète puisse faire quelque chose de cette transmission orale.
Espérant avoir apporter un petit caillou dans l' édifice de notre patrimoine, je vous prie d' agréer l'expression de mes salutations distinguées et bien dévouées.
Daniel Lacombe
CAYENNE.
C'était un soir d'été à Bizerte la Belle
Elle faisait le tapin, et moi le rappel
Quant un riche passant, la prenant par la main
Lui souleva ses jupons et la traita de putain.
Refrain:
Pas de chance, pas de pitié
Enfant de malheur
Et de travaux forcés.
Comme j'étais son homme et pas une lopette
Ayant acquit les principes d'adepte
Je sorti mon surin, et d'un coup en plein cœur
Je l'étendit raide mort et fut serré sur l'heure.
Refrain
Je me souviens encore de ma première femme
Elle s'appelait Titine une vraie putain dans l'âme
La reine des morues de la rue Saint Denis
Elle faisait la lutine dans la Bath de Rivoli.
Refrain
Je me rappelle aussi de ma première chaude pisse
Que je me fis soigner à l'hôpital Sulpice
Les chancres et les morpions qui me rongeaient mon vit
Malheur à la morue qui m'a si bien servi.
Refrain
Mes amis si je meurs; la syphilis me ronge
C'est d'avoir trop baisé des brunes et des blondes
Pour le mystère d'un cul, pour le plaisir d'un con
j'étais bien trop pileux et me voilà fout.
Refrain
Après une cavale, je me suis fait serré
les lopettes à jupettes m'ont condamné
Au bagne de Cayenne je fus emmené
C'est de là qu'on a tenté de me bâillonner.
Refrain
Il me reste ma plume, pour mes volontés dernières
C'est d'une simple façon que je ceux que l'on m'enterre
Sans les flonflons des curetons et leur pieux sermons
Je me trouverais à l'aise comme à la zon-zon.
Refrain
Mon seul désir, c'est qu'il ai une pierre
Gravée de mon épitaphe: Julot de la der des der
Et qe la Prusse n'a pas su faire taire
Et que le cul des clercs reste par terre.
Mort aux vaches, mort aux condés
Vive les enfants de Cayenne, et à bas ceux de la sureté.
Mort aux vaches, mort aux condés
Vive les enfants de Cayenne, et à bas ceux de la sureté.
Je tiens particulièrement à vous remercier pour votre site, je suis un homme de la première moitié du siècle passé...
Et c'est avec beaucoup de plaisir d' avoir trouvé CAYENNE (attribuée à Aristide BRUANT)
Visiblement il existe plusieurs versions de ce chant !
J'ai entendu d'anciens repris de justice dont certains avaient embarqué de l' île de Ré, pour le bagne, il y avait d' autres couplets, et le refrain légèrement différent. Pour les amoureux passéistes, il serait sûrement utile de communiquer le résultat de nos versions et de trouver la véritable origine de cet hymne des coupables comme des innocents incarcérés dans des conditions lamentables con fere l'âge des décès des détenus.
Comme promis je vous adresse, les paroles que j' ai entendues et retenues.
Ce texte provient, en majeure partie, de la bouche même des gars de la zone qui, lors de la construction du boulevard périphérique (tronçon entre la Porte de la Chapelle et et la Porte de Clichy) se sont retrouvés "parqués" dans des masures et baraquements près des usines Citroen à Saint-Ouen.
Certains des Anciens fredonnaient ce chant, j'ai bien retenu l'air, mais mon solfège des plus restreint ne me permet pas une transcription sur partition, ceci étant, je reste à votre disposition pour tenter un enregistrement pour qu' un compositeur-interprète puisse faire quelque chose de cette transmission orale.
Espérant avoir apporter un petit caillou dans l' édifice de notre patrimoine, je vous prie d' agréer l'expression de mes salutations distinguées et bien dévouées.
Daniel Lacombe
CAYENNE.
C'était un soir d'été à Bizerte la Belle
Elle faisait le tapin, et moi le rappel
Quant un riche passant, la prenant par la main
Lui souleva ses jupons et la traita de putain.
Refrain:
Pas de chance, pas de pitié
Enfant de malheur
Et de travaux forcés.
Comme j'étais son homme et pas une lopette
Ayant acquit les principes d'adepte
Je sorti mon surin, et d'un coup en plein cœur
Je l'étendit raide mort et fut serré sur l'heure.
Refrain
Je me souviens encore de ma première femme
Elle s'appelait Titine une vraie putain dans l'âme
La reine des morues de la rue Saint Denis
Elle faisait la lutine dans la Bath de Rivoli.
Refrain
Je me rappelle aussi de ma première chaude pisse
Que je me fis soigner à l'hôpital Sulpice
Les chancres et les morpions qui me rongeaient mon vit
Malheur à la morue qui m'a si bien servi.
Refrain
Mes amis si je meurs; la syphilis me ronge
C'est d'avoir trop baisé des brunes et des blondes
Pour le mystère d'un cul, pour le plaisir d'un con
j'étais bien trop pileux et me voilà fout.
Refrain
Après une cavale, je me suis fait serré
les lopettes à jupettes m'ont condamné
Au bagne de Cayenne je fus emmené
C'est de là qu'on a tenté de me bâillonner.
Refrain
Il me reste ma plume, pour mes volontés dernières
C'est d'une simple façon que je ceux que l'on m'enterre
Sans les flonflons des curetons et leur pieux sermons
Je me trouverais à l'aise comme à la zon-zon.
Refrain
Mon seul désir, c'est qu'il ai une pierre
Gravée de mon épitaphe: Julot de la der des der
Et qe la Prusse n'a pas su faire taire
Et que le cul des clercs reste par terre.
Mort aux vaches, mort aux condés
Vive les enfants de Cayenne, et à bas ceux de la sureté.
Mort aux vaches, mort aux condés
Vive les enfants de Cayenne, et à bas ceux de la sureté.
La bricole - Peinture de Francis Lagrange - bagnard
La chanson de l'Orapu.
En 1895, MIEL, qui subissait une peine de 8 ans de travaux forcés dans les terribles camps de l'est de la Guyane, mis en vers la détresse de ses compagnons, attelés comme des bêtes aux énormes troncs d'arbres abattus dans la forêt guyanaise, qu'il fallait, sous les coups des gardiens, haler jusqu'à la crique Orapu ( affluent de l'Oyak, portion de rivière formée de a Comté et de l'Orapu, avant de devenir le Mahury).
Le bronze a retenti: debout il est cinq heures,
Le voile de la nuit couvre encore l'Orapu,
Des vampires hideux regagnent leur demeure,
Ivres du sang humain dont ils se sont repus.
Pour beaucoup d'entre nous, réveil épouvantable.
Notre esprit vagabond planait sous d'autre cieux,
Mais la cloche en sonnant l'appel impitoyable
Nous rappelle tremblants pour en ces lieux.
Chacun pour le travail s'arme d'un bricole,
Et dans la forêt sombre s'avance en trébuchant,
On dirait des démons la sarabande folle,
Car l'enfer est au bagne, et non pas chez Satan,
Allons vite au biseau, que la corde se place,
Et chantez, malheureux, pour réchauffer vos cœurs,
Oh la, oh la. Garçons, la pièce se déplace,
Et glisse sous les yeux des surveillants moqueurs.
Le soleil cherche en vain à montrer son visage,
Un voile épais et noir le dérobe à nos yeux,
Il pleut, il pleut toujours dans ce pays sauvage,
Ô France, en ces instants, nous regrettons tes cieux.
On franchit les rouleaux, on tombe on se relève,
On ne connaît pour nous que ces mots "Marche ou crève",
L'Orne (1) apporte en ses flancs de quoi nous remplacer.
Enfin, vers le "dégrad" on arrive; sans trêve
Il nous faut retourner au second numéro,
De douleur, de dégoût, notre cœur se soulève,
Mais la voix d'un Arabe a crié "Roumi, ro".
Ce supplice sans nom chaque jour se répète.
Enfants des fiers gaulois, qu'êtes-vous devenus ?
Les plus forts d'entre nous marchent en courbant la tête,
Forçats, forçats, pleurez, vos cœurs ne battent plus.
(1) L'Orne était le nom d'un bateau qui transportait les bagnards de France vers la Guyane.
Le bronze a retenti: debout il est cinq heures,
Le voile de la nuit couvre encore l'Orapu,
Des vampires hideux regagnent leur demeure,
Ivres du sang humain dont ils se sont repus.
Pour beaucoup d'entre nous, réveil épouvantable.
Notre esprit vagabond planait sous d'autre cieux,
Mais la cloche en sonnant l'appel impitoyable
Nous rappelle tremblants pour en ces lieux.
Chacun pour le travail s'arme d'un bricole,
Et dans la forêt sombre s'avance en trébuchant,
On dirait des démons la sarabande folle,
Car l'enfer est au bagne, et non pas chez Satan,
Allons vite au biseau, que la corde se place,
Et chantez, malheureux, pour réchauffer vos cœurs,
Oh la, oh la. Garçons, la pièce se déplace,
Et glisse sous les yeux des surveillants moqueurs.
Le soleil cherche en vain à montrer son visage,
Un voile épais et noir le dérobe à nos yeux,
Il pleut, il pleut toujours dans ce pays sauvage,
Ô France, en ces instants, nous regrettons tes cieux.
On franchit les rouleaux, on tombe on se relève,
On ne connaît pour nous que ces mots "Marche ou crève",
L'Orne (1) apporte en ses flancs de quoi nous remplacer.
Enfin, vers le "dégrad" on arrive; sans trêve
Il nous faut retourner au second numéro,
De douleur, de dégoût, notre cœur se soulève,
Mais la voix d'un Arabe a crié "Roumi, ro".
Ce supplice sans nom chaque jour se répète.
Enfants des fiers gaulois, qu'êtes-vous devenus ?
Les plus forts d'entre nous marchent en courbant la tête,
Forçats, forçats, pleurez, vos cœurs ne battent plus.
(1) L'Orne était le nom d'un bateau qui transportait les bagnards de France vers la Guyane.
Killing Lawrence chante PAPILLON
Cellule de Dreyfus sur l'Ile du Diable (Guyane)
DREYFUS - par Yves Duteil
Par Yoav Rheims - mardi 2 octobre 2007
Je suis un peu ton fils
Et je retrouve en moi
Ta foi dans la justice
Et ta force au combat.
Dans ton honneur déchu,
Malgré ta peine immense,
Tu n'as jamais perdu
Ton amour pour la France.
Et s'il ne reste qu'un murmure
Pour te défendre,
Par-delà tous les murs,
Il faut l'entendre.
Je suis un peu ce frère
Qui remue les montagnes
Lorsque tu désespères
Dans ton île, en Guyane.
Et je souffre avec toi
Des fers que l'on t'a mis
Pour écraser ton âme
Et pour briser ta vie.
Mais pourquoi fallait-il
Pour t'envoyer au Diable
Te prendre dans les fils
De ce piège effroyable ?
J'ai vu souvent mon père
S'assombrir tout à coup
Quand j'évoquais "L'Affaire",
Comme on disait chez nous
Et j'ai vécu longtemps
Sans rompre ce silence,
Comme un secret pesant,
Parfois, sur la conscience.
J'imaginais comment
Des hommes étaient capables
D'arrêter l'innocent
Pour en faire un coupable.
Il était Alsacien,
Français, juif, capitaine,
Vivant parmi les siens
À Paris, dix-septième
Quand, un matin d'octobre,
On l'accuse, on l'emmène
Vers douze ans de méprise
Et d'opprobre et de haine.
Traité plus bas qu'un chien,
Laissé dans l'ignorance
De tous ceux qui, sans fin,
Luttaient pour sa défense,
Courageux, opiniâtres,
Jouant parfois leur vie
Sur un coup de théâtre
En s'exposant pour lui.
Je suis un peu son fils
Et c'est moi que l'on traîne
Au Palais d'injustice
En l'écoutant à peine
Et quand Paris s'enflamme
Alors qu'on l'injurie,
Le coupable pavane
À quatre pas d'ici ...
Lucie... Mon corps est à genoux
Mais mon âme est debout.
Un jour je reviendrai
Vers la terre de France
Crier mon innocence
Et retrouver la paix.
Ici... Je n'ai plus rien de toi
Et j'ai peur, quelquefois
Que ma raison s'égare.
Si je perds la mémoire,
Si j'oublie qui je suis,
Qui pourra dire alors
À ceux qui m'aiment encore
Que je n'ai pas trahi,
Que j'ai toujours porté
L'amour de mon pays
Bien plus haut que ma vie,
Bien plus haut que la vie ?
C'était il y a cent ans.
Dreyfus est mort depuis
Mais je porte en chantant
Tout l'espoir de sa vie
Pour la mémoire des jours,
Puisqu'en son paradis
On sait depuis toujours
Qu'il n'a jamais trahi.
Il n'a jamais trahi
Son cœur, ni son pays.
Source : Paroles.net
L’affaire Dreyfus est certainement celle qui a fait le plus connaître le bagne de Guyane, car la plus ancienne et aussi celle qui a fait coulé le plus d’encre jusqu’au fameux « J’accuse » d’Emile Zola adressé au président de la République, Felix Faure, le 13 janvier 1898 et qui parut dans le journal L’Aurore.
Alfred Dreyfus est accusé d’espionnage, arrêté et emprisonné le 15 octobre 1894. Capitaine, il est traîné devant le Conseil de Guerre le 19 décembre de la même année. Accusé de trahison, il est dégradé et condamné à la détention perpétuelle dans une enceinte fortifiée. C’est le 21 février 1895 qu’il prend le bateau pour la Guyane. Enfermé quelques jours sur l’Ile Royale, il est transféré sur l’Ile du Diable pour y subir sa peine.
Il vivra seul sur son Ile, dans une case de 4 m. sur 4, encadré seulement par quelques gardiens, relevés toutes les deux heures, de jour comme de nuit, qui n’avaient pas le droit de lui adresser la parole.
L’affaire qui s’amplifie en France divise le pays pratiquement en deux entre dreyfusars et anti-dreyfusards, et le ministère de la Guerre craint une évasion du prisonnier, ce qui aggrave ses conditions de détention et il tombe malade.
La lettre de Zola, qui lui valut un an de prison, amena le lieutenant-colonel Henri à avouer le forfait de faux en écriture qui avait amené le capitaine Dreyfus à passer 4 ans 3 mois et 5 jours au bagne de Guyane.
Le 9 septembre 1899, il est conduit une nouvelle fois devant les juges militaires qui le condamnent à nouveau, mais assorti de circonstances atténuantes. Il est gracié dix jours plus tard par le président de la République Emile Loubet.
Son procès est révisé le 12 juillet 1906, et il est réintégré dans l’armée avec le grade de commandant.
Je suis un peu ton fils
Et je retrouve en moi
Ta foi dans la justice
Et ta force au combat.
Dans ton honneur déchu,
Malgré ta peine immense,
Tu n'as jamais perdu
Ton amour pour la France.
Et s'il ne reste qu'un murmure
Pour te défendre,
Par-delà tous les murs,
Il faut l'entendre.
Je suis un peu ce frère
Qui remue les montagnes
Lorsque tu désespères
Dans ton île, en Guyane.
Et je souffre avec toi
Des fers que l'on t'a mis
Pour écraser ton âme
Et pour briser ta vie.
Mais pourquoi fallait-il
Pour t'envoyer au Diable
Te prendre dans les fils
De ce piège effroyable ?
J'ai vu souvent mon père
S'assombrir tout à coup
Quand j'évoquais "L'Affaire",
Comme on disait chez nous
Et j'ai vécu longtemps
Sans rompre ce silence,
Comme un secret pesant,
Parfois, sur la conscience.
J'imaginais comment
Des hommes étaient capables
D'arrêter l'innocent
Pour en faire un coupable.
Il était Alsacien,
Français, juif, capitaine,
Vivant parmi les siens
À Paris, dix-septième
Quand, un matin d'octobre,
On l'accuse, on l'emmène
Vers douze ans de méprise
Et d'opprobre et de haine.
Traité plus bas qu'un chien,
Laissé dans l'ignorance
De tous ceux qui, sans fin,
Luttaient pour sa défense,
Courageux, opiniâtres,
Jouant parfois leur vie
Sur un coup de théâtre
En s'exposant pour lui.
Je suis un peu son fils
Et c'est moi que l'on traîne
Au Palais d'injustice
En l'écoutant à peine
Et quand Paris s'enflamme
Alors qu'on l'injurie,
Le coupable pavane
À quatre pas d'ici ...
Lucie... Mon corps est à genoux
Mais mon âme est debout.
Un jour je reviendrai
Vers la terre de France
Crier mon innocence
Et retrouver la paix.
Ici... Je n'ai plus rien de toi
Et j'ai peur, quelquefois
Que ma raison s'égare.
Si je perds la mémoire,
Si j'oublie qui je suis,
Qui pourra dire alors
À ceux qui m'aiment encore
Que je n'ai pas trahi,
Que j'ai toujours porté
L'amour de mon pays
Bien plus haut que ma vie,
Bien plus haut que la vie ?
C'était il y a cent ans.
Dreyfus est mort depuis
Mais je porte en chantant
Tout l'espoir de sa vie
Pour la mémoire des jours,
Puisqu'en son paradis
On sait depuis toujours
Qu'il n'a jamais trahi.
Il n'a jamais trahi
Son cœur, ni son pays.
Source : Paroles.net
L’affaire Dreyfus est certainement celle qui a fait le plus connaître le bagne de Guyane, car la plus ancienne et aussi celle qui a fait coulé le plus d’encre jusqu’au fameux « J’accuse » d’Emile Zola adressé au président de la République, Felix Faure, le 13 janvier 1898 et qui parut dans le journal L’Aurore.
Alfred Dreyfus est accusé d’espionnage, arrêté et emprisonné le 15 octobre 1894. Capitaine, il est traîné devant le Conseil de Guerre le 19 décembre de la même année. Accusé de trahison, il est dégradé et condamné à la détention perpétuelle dans une enceinte fortifiée. C’est le 21 février 1895 qu’il prend le bateau pour la Guyane. Enfermé quelques jours sur l’Ile Royale, il est transféré sur l’Ile du Diable pour y subir sa peine.
Il vivra seul sur son Ile, dans une case de 4 m. sur 4, encadré seulement par quelques gardiens, relevés toutes les deux heures, de jour comme de nuit, qui n’avaient pas le droit de lui adresser la parole.
L’affaire qui s’amplifie en France divise le pays pratiquement en deux entre dreyfusars et anti-dreyfusards, et le ministère de la Guerre craint une évasion du prisonnier, ce qui aggrave ses conditions de détention et il tombe malade.
La lettre de Zola, qui lui valut un an de prison, amena le lieutenant-colonel Henri à avouer le forfait de faux en écriture qui avait amené le capitaine Dreyfus à passer 4 ans 3 mois et 5 jours au bagne de Guyane.
Le 9 septembre 1899, il est conduit une nouvelle fois devant les juges militaires qui le condamnent à nouveau, mais assorti de circonstances atténuantes. Il est gracié dix jours plus tard par le président de la République Emile Loubet.
Son procès est révisé le 12 juillet 1906, et il est réintégré dans l’armée avec le grade de commandant.
Léo Ferré
Merde à Vauban
Paroles : Pierre SEGHERS
Musique : Léo FERRÉ
Bagnard au bagne de Vauban
Dans l'île de Ré
J'mange du pain noir et des murs blancs
Dans l'ïle de Ré
À la ville m'attend ma mignonne
Mais dans vingt ans pour elle je n'serai plus personne
Merde à Vauban
Bagnard je suis chaine et boulet
Tout ça pour rien ils m'ont serré
Dans l'île de Ré c'est pour mon bien
On y voit passer des nuages
Qui vont crevant moi j'vois s'faner la fleur de l'âge
Merde à Vauban
Bagnard ici les demoiselles
Dans l'île de Ré
S'approchent pour voir rogner nos ailes
Dans l'île de Ré
Oh que jamais ne vienne celle
Que j'aimais tant pour elle j'ai manqué la belle
Merde à Vauban
Bagnard la belle elle est là-haut
Dans le ciel gris elle s'en va derrière les barreaux
Jusqu'à Paris
Moi j'suis au mitard avec elle
Tout en rêvant à mon amour qu'est la plus belle
Merde à Vauban
Bagnard le temps qui tant s'allonge
Dans l'île de Ré
Avec ses poux le temps te ronge dans l'île de Ré
Où sont ses yeux où est sa bouche
Avec le vent on dirait parfois que j'les touche
Merde à Vauban
C'est un p'tit corbillard tout noir
Étroit et vieux qui m'sortira d'ici un soir
Et ça sera mieux
Je reverrai la route blanche
Les pieds devant mais je chant'rai d'en d'ssous mes planches
Merde à Vauban
Mélodie de la chanson
Sources
Ecouter le titre interprété par Marc Ogeret
Musique : Léo FERRÉ
Bagnard au bagne de Vauban
Dans l'île de Ré
J'mange du pain noir et des murs blancs
Dans l'ïle de Ré
À la ville m'attend ma mignonne
Mais dans vingt ans pour elle je n'serai plus personne
Merde à Vauban
Bagnard je suis chaine et boulet
Tout ça pour rien ils m'ont serré
Dans l'île de Ré c'est pour mon bien
On y voit passer des nuages
Qui vont crevant moi j'vois s'faner la fleur de l'âge
Merde à Vauban
Bagnard ici les demoiselles
Dans l'île de Ré
S'approchent pour voir rogner nos ailes
Dans l'île de Ré
Oh que jamais ne vienne celle
Que j'aimais tant pour elle j'ai manqué la belle
Merde à Vauban
Bagnard la belle elle est là-haut
Dans le ciel gris elle s'en va derrière les barreaux
Jusqu'à Paris
Moi j'suis au mitard avec elle
Tout en rêvant à mon amour qu'est la plus belle
Merde à Vauban
Bagnard le temps qui tant s'allonge
Dans l'île de Ré
Avec ses poux le temps te ronge dans l'île de Ré
Où sont ses yeux où est sa bouche
Avec le vent on dirait parfois que j'les touche
Merde à Vauban
C'est un p'tit corbillard tout noir
Étroit et vieux qui m'sortira d'ici un soir
Et ça sera mieux
Je reverrai la route blanche
Les pieds devant mais je chant'rai d'en d'ssous mes planches
Merde à Vauban
Mélodie de la chanson
Sources
Ecouter le titre interprété par Marc Ogeret
Victor HUGO
Victor Marie Hugo (1802-1885) , "Écrit après la visite d'un bagne", 1853,
texte tiré de " Les Quatre Vents de l'esprit, - Le Livre Satirique - Le Siècle, no. 14"
Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatre vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt.
Dieu, le premier auteur de tout ce qu'on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l'âme en liberté se meut.
L'école est sanctuaire autant que la chapelle.
L'alphabet que l'enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu ; le cœur
S'éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu'il puisse vous suivre.
La nuit produit l'erreur et l'erreur l'attentat.
Faute d'enseignement, on jette dans l'état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent à tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c'est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L'intelligence veut être ouverte ici-bas ;
Le germe a droit d'éclore ; et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l'école en or change le cuivre,
Tandis que l'ignorance en plomb transforme l'or.
Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire ;
Je dis qu'ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, à qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit ;
Je dis qu'ils étaient l'homme et qu'on en fit la brute ;
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute ;
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés ;
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n'est pas leur faute ;
Pouvaient-ils s'éclairer du flambeau qu'on leur ôte ?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis ;
On a de la pensée éteint en eux la flamme ;
Et la société leur a volé leur âme.
2
Ô vieux bagne éternel ! Énigme ! Abîme obscur !
Que d'ombres ont passé sur ce funèbre mur !
Ici le mal, la nuit, l'ignorance servile ;
À l'autre extrémité de cette corde vile
Le génie et la foi, l'amour, la vérité,
L'inventeur, le penseur de Dieu même agité,
Le prophète écartant l'erreur impie et fausse,
Saint Jean dans son caveau, Daniel dans la fosse,
Galilée au cachot, Colomb au cabanon ;
Et, remontant au jour de chaînon en chaînon,
Cette chaîne de deuil, sur la terre jetée,
Qui commence à Poulmann, finit à Prométhée.
À travers six mille ans, et traînant en chemin
Ses monstrueux anneaux sur tout le genre humain,
Elle part de Toulon et s'attache au Caucase.
L'homme met la lumière et l'ombre au même vase ;
Le bagne, enfer stupide, admet dans son tombeau
Depuis l'homme poignard jusqu'à l'homme flambeau.
Malheur à qui dit : marche ! Au progrès qui recule,
À qui jette un rayon dans notre crépuscule !
Que deviendrait l'erreur si le jour triomphait ?
C'est le même attentat et le même forfait,
Le même crime avec la même peine immonde
Que de tuer un homme ou de trouver un monde.
Lucifer est Satan ; l'aigle est le basilic.
Quiconque allume un phare est l'ennemi public.
Quoi, l'archange enchaîné coudoyant les vampires !
L'âme au carcan ! Les bons traités comme les pires !
Ô morne aveuglement de l'homme et de ses lois !
L'esprit tremble et frémit devant toutes ces croix
Que portent les voyants, les inspirés, les sages ;
Pour s'enfuir de la vie on cherche des passages,
Ciel juste, quand on songe à ces révélateurs
Qu'on a saisis, pensifs et venant des hauteurs,
Qu'on a punis du bien ainsi que d'une faute,
Liés avec le crime au poteau côte à côte,
Qu'on a fouettés, martyrs saignants et radieux,
Et qui furent forçats parce qu'ils étaient dieux !
texte tiré de " Les Quatre Vents de l'esprit, - Le Livre Satirique - Le Siècle, no. 14"
Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatre vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt.
Dieu, le premier auteur de tout ce qu'on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l'âme en liberté se meut.
L'école est sanctuaire autant que la chapelle.
L'alphabet que l'enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu ; le cœur
S'éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu'il puisse vous suivre.
La nuit produit l'erreur et l'erreur l'attentat.
Faute d'enseignement, on jette dans l'état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent à tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c'est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L'intelligence veut être ouverte ici-bas ;
Le germe a droit d'éclore ; et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l'école en or change le cuivre,
Tandis que l'ignorance en plomb transforme l'or.
Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire ;
Je dis qu'ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, à qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit ;
Je dis qu'ils étaient l'homme et qu'on en fit la brute ;
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute ;
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés ;
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n'est pas leur faute ;
Pouvaient-ils s'éclairer du flambeau qu'on leur ôte ?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis ;
On a de la pensée éteint en eux la flamme ;
Et la société leur a volé leur âme.
2
Ô vieux bagne éternel ! Énigme ! Abîme obscur !
Que d'ombres ont passé sur ce funèbre mur !
Ici le mal, la nuit, l'ignorance servile ;
À l'autre extrémité de cette corde vile
Le génie et la foi, l'amour, la vérité,
L'inventeur, le penseur de Dieu même agité,
Le prophète écartant l'erreur impie et fausse,
Saint Jean dans son caveau, Daniel dans la fosse,
Galilée au cachot, Colomb au cabanon ;
Et, remontant au jour de chaînon en chaînon,
Cette chaîne de deuil, sur la terre jetée,
Qui commence à Poulmann, finit à Prométhée.
À travers six mille ans, et traînant en chemin
Ses monstrueux anneaux sur tout le genre humain,
Elle part de Toulon et s'attache au Caucase.
L'homme met la lumière et l'ombre au même vase ;
Le bagne, enfer stupide, admet dans son tombeau
Depuis l'homme poignard jusqu'à l'homme flambeau.
Malheur à qui dit : marche ! Au progrès qui recule,
À qui jette un rayon dans notre crépuscule !
Que deviendrait l'erreur si le jour triomphait ?
C'est le même attentat et le même forfait,
Le même crime avec la même peine immonde
Que de tuer un homme ou de trouver un monde.
Lucifer est Satan ; l'aigle est le basilic.
Quiconque allume un phare est l'ennemi public.
Quoi, l'archange enchaîné coudoyant les vampires !
L'âme au carcan ! Les bons traités comme les pires !
Ô morne aveuglement de l'homme et de ses lois !
L'esprit tremble et frémit devant toutes ces croix
Que portent les voyants, les inspirés, les sages ;
Pour s'enfuir de la vie on cherche des passages,
Ciel juste, quand on songe à ces révélateurs
Qu'on a saisis, pensifs et venant des hauteurs,
Qu'on a punis du bien ainsi que d'une faute,
Liés avec le crime au poteau côte à côte,
Qu'on a fouettés, martyrs saignants et radieux,
Et qui furent forçats parce qu'ils étaient dieux !
Jean Fagot
Nous ne connaissons pas l’auteur de cette chanson écrite vers1912. Certains ont pu l’attribuer au bagnard Miet. Elle est publiée en 1924 par les soins d’Antoine Mesclon mais ne semble pas avoir connu un certain succès. Les bagnards préfèrent de toute évidence entonner le Chant de l’Orapu. Les éditions L’Insomniaque l’incluent une première fois, en 2000, dans le cd accompagnant le livre Au pied du mur, anthologie de textes sur la prison, puis, en 2004 dans le cd de la réédition des Ecrits de Jacob. Elle est donc contemporaine du séjour de l’honnête cambrioleur aux îles du Salut et, par conséquent, illustre les souffrances endurées par Barrabas et tous les autres transportés. Si elle verse dans une vision fataliste et partiale de la vie du bagnard, elle offre néanmoins plusieurs thématiques. Les surveillants militaires deviennent ici des « chaouchs » d’origine corse, brutaux, haineux et profitant de la supériorité que leur confère leur situation. La chanson aborde aussi la faim, la fatigue, l’homosexualité, la soumission, la délation, la violence et la mort, sans oublier bien sûr ce à quoi a été condamné le bagnard : les travaux forcés. Cette complainte, qui s’inscrit dans le contexte de critique généralisée du bagne, sonne comme une condamnation sans appel de l’inhumanité de l’institution pénitentiaire. Jean Fagot implore en conclusion une vraie peine de mort plutôt que cette hypocrite guillotine sèche. L’envoi de condamnés en Guyane cesse en 1938. Le bagne disparaît définitivement au début des années 1950.
C’est Jean fagot qu’on me surnomme,
J’suis un ancien.
Oui, j’ai vu tomber plus d’un homme
Qu’était malin.
Maintenant que je sens que je calanche,
J’veux vous conter
Ce que j’ai vu depuis qu’sur la planche
J’suis l’transporté.
Il faut nous voir quand on turbine
A s’faire crever,
Le Corse armé d’sa carabine
Pour nous braver.
L’insulte aux lèvres, il nous bouscule.
Fatalité !
Coucher la tête sous la férule,
V’là l’transporté.
La faim qui nous poursuit sans cesse,
O sort hideux !,
Fait naître plus d’une bassesse
Parmi les gueux.
Le ventre creux fait la bourrique,
Quel sale métier !
Il vendrait son père pour une chique,
Le transporté.
Même le plus fort fait des courbettes,
C’est effrayant.
Car pour dresse les fortes têtes,
Y a le repoussant !
Pour un seul mot, on nous terrasse
Sans hésiter.
C’est comme ça qu’on se débarrasse
Du transporté.
Faut pas songer à sa misère.
Ah ! Quel tableau !
Comme tout l’monde est célibataire,
On cherche la peau
D’un gars qui bientôt s’abandonne
A volupté.
C’est pour un mâle qu’il se passionne
Le transporté.
Plus d’un forçat, quand la nuit tombe,
Triste et rêveur,
Voudrait voir s’entrouvrir la tombe
De sa douleur.
Pourquoi ainsi souffrir sans cesse ?
Humanité !
Supprim’le donc ! Vaut mieux qu’il crève !
Le transporté.
Le fagot
Majors, colonels ou capitaines, les médecins du bagne sont des militaires. Ils subissent une double pression : celle inhérente à leur fonction et dans un milieu particulièrement mortifère, et celle de l’Administration Pénitentiaire pour qui le fagot n’est qu’un simulateur. Le constat qu’ils peuvent alors faire induit de facto une opposition qui peut virer au conflit ouvert avec tel ou tel surveillant, puis avec tel ou tel commandant. Le cas du docteur Rousseau n’est pas unique et rares furent les toubibs du bagne, pourtant affranchis de l’autorité instituée, qui firent allégeance à l’œuvre de mort carcérale et ont suivi à la lettre consignes et règlements. C’est entre autres ce qui rend Jacob Law particulièrement acrimonieux à leur encontre… sauf envers l’Oncle Louis qui n’officia pourtant que deux ans aux îles du Salut. On comprend dès lors la courte durée de la fonction exercée et les témoignages qui suivent (Liard-Courtois, Law, Dieudonné, Danan, Maroger, Belbenoit, Roussenq) ne pouvaient que mettre en exergue un véritable apostolat médical en Guyane. Gentil médecin. Lire la suite
Sources: Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur
C’est Jean fagot qu’on me surnomme,
J’suis un ancien.
Oui, j’ai vu tomber plus d’un homme
Qu’était malin.
Maintenant que je sens que je calanche,
J’veux vous conter
Ce que j’ai vu depuis qu’sur la planche
J’suis l’transporté.
Il faut nous voir quand on turbine
A s’faire crever,
Le Corse armé d’sa carabine
Pour nous braver.
L’insulte aux lèvres, il nous bouscule.
Fatalité !
Coucher la tête sous la férule,
V’là l’transporté.
La faim qui nous poursuit sans cesse,
O sort hideux !,
Fait naître plus d’une bassesse
Parmi les gueux.
Le ventre creux fait la bourrique,
Quel sale métier !
Il vendrait son père pour une chique,
Le transporté.
Même le plus fort fait des courbettes,
C’est effrayant.
Car pour dresse les fortes têtes,
Y a le repoussant !
Pour un seul mot, on nous terrasse
Sans hésiter.
C’est comme ça qu’on se débarrasse
Du transporté.
Faut pas songer à sa misère.
Ah ! Quel tableau !
Comme tout l’monde est célibataire,
On cherche la peau
D’un gars qui bientôt s’abandonne
A volupté.
C’est pour un mâle qu’il se passionne
Le transporté.
Plus d’un forçat, quand la nuit tombe,
Triste et rêveur,
Voudrait voir s’entrouvrir la tombe
De sa douleur.
Pourquoi ainsi souffrir sans cesse ?
Humanité !
Supprim’le donc ! Vaut mieux qu’il crève !
Le transporté.
Le fagot
Majors, colonels ou capitaines, les médecins du bagne sont des militaires. Ils subissent une double pression : celle inhérente à leur fonction et dans un milieu particulièrement mortifère, et celle de l’Administration Pénitentiaire pour qui le fagot n’est qu’un simulateur. Le constat qu’ils peuvent alors faire induit de facto une opposition qui peut virer au conflit ouvert avec tel ou tel surveillant, puis avec tel ou tel commandant. Le cas du docteur Rousseau n’est pas unique et rares furent les toubibs du bagne, pourtant affranchis de l’autorité instituée, qui firent allégeance à l’œuvre de mort carcérale et ont suivi à la lettre consignes et règlements. C’est entre autres ce qui rend Jacob Law particulièrement acrimonieux à leur encontre… sauf envers l’Oncle Louis qui n’officia pourtant que deux ans aux îles du Salut. On comprend dès lors la courte durée de la fonction exercée et les témoignages qui suivent (Liard-Courtois, Law, Dieudonné, Danan, Maroger, Belbenoit, Roussenq) ne pouvaient que mettre en exergue un véritable apostolat médical en Guyane. Gentil médecin. Lire la suite
Sources: Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur